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l'amicale

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1 janvier 2014

poème Verlaine

L’immensité de l’humanité

Paul VERLAINE
Recueil : "Sagesse"

L’immensité de l’humanité,

Le Temps passé vivace et bon père,

Une entreprise à jamais prospère :

Quelle puissante et calme cité !

 

Il  semble ici qu’on vit dans l’histoire.

Tout est plus fort que l’homme  d’un jour.

De lourds rideaux d’atmosphère noire

Font richement la  nuit alentour.

 

Ô civilisés que civilise

Ordre obéi, le  Respect sacré !

Ô, dans ce champ si bien préparé

Cette moisson de  la seule Eglise !

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9 décembre 2013

poème de Rainer Maria Rilke

Un rose mauve dans les hautes herbes…

Rainer Maria RILKE
Recueil : "Quatrains Valaisans"

Un rose mauve dans les hautes herbes,

un gris soumis, la vigne alignée …

Mais au-dessus des pentes,

la superbe d’un ciel qui reçoit, d’un ciel princier.

 

Ardent pays qui noblement s’étage

vers ce grand ciel qui noblement comprend

qu’un dur passé à tout jamais s’engage

à être vigoureux et vigilant.



9 décembre 2013

poème de Du Bellay. Me soit amour ou rude, ou favorable

Me soit amour ou rude, ou favorable

Joachim DU BELLAY
Recueil : "L'Olive"

Me soit amour ou rude, ou favorable,

Ou haut, ou bas me pousse la fortune,

Tout ce, qu’au cœur je sens pour l’amour d’une,

Jusqu’à la mort, et plus, sera durable.

 

Je suis le roc de foi non variable,

Que vent, que mer, que le ciel importune,

Et toutefois adverse, ou opportune

Soit la saison, il demeure imployable.

 

Plutôt voudra le diamant apprendre

À s’amollir de son bon gré, ou prendre

Sous un burin de plomb, diverse forme,

Que par nouveau ou bonheur, ou malheur,

 Mon cœur, où est de votre grand’ valeur

Le vrai portrait, en autre se transforme.

9 décembre 2013

poème

Seigneur, je ne saurais regarder d’un bon oeil

Joachim DU BELLAY
Recueil : "Les Regrets"

Seigneur, je ne saurais regarder d’un bon oeil

Ces vieux singes de  cour, qui ne savent rien faire,

Sinon en leur marcher les princes  contrefaire,

Et se vêtir, comme eux, d’un pompeux appareil.

 

Si  leur maître se moque, ils feront le pareil,

S’il ment, ce ne sont  eux qui diront du contraire,

Plutôt auront-ils vu, afin de lui  complaire,

La lune en plein midi, à minuit le soleil.

 

 

Si  quelqu’un devant eux reçoit un bon visage,

Es le vont caresser, bien  qu’ils crèvent de rage

S’il le reçoit mauvais, ils le montrent au  doigt.

 

Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dépite,

C’est  quand devant le roi, d’un visage hypocrite,

Ils se prennent à rire,  et ne savent pourquoi.

9 décembre 2013

Si nostre vie est moins qu’une journée… Joachim

Si nostre vie est moins qu’une journée…

Joachim DU BELLAY
Recueil : "L'Olive"

Si nostre vie est moins qu’une journée

En l’eternel, si l’an qui  faict le tour

Chasse nos jours sans espoir de retour,

Si  périssable est toute chose née,

Que songes-tu, mon ame  emprisonnée ?

Pourquoy te plaist l’obscur de nostre jour,

Si pour  voler en un plus cler sejour,

Tu as au dos l’aele bien empanée ?

 

La,  est le bien que tout esprit desire,

La, le repos où tout le monde  aspire,

La, est l’amour, la, le plaisir encore.

La, ô mon ame  au plus hault ciel guidée !

Tu y pouras recongnoistre l’Idée

De la  beauté, qu’en ce monde j’adore.

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9 décembre 2013

Paris Où fait-il bon même au coeur de l’orage Où

Paris

Où fait-il bon même au coeur de l’orage

Où fait-il clair même au coeur de la nuit

L’air est alcool et le malheur courage

Carreaux cassés l’espoir encore y luit

Et les chansons montent des murs détruits

 

Jamais éteint renaissant de la braise

Perpétuel brûlot de la patrie

Du Point-du-Jour jusqu’au Père-Lachaise

Ce doux rosier au mois d’août refleuri

Gens de partout c’est le sang de Paris

 

Rien n’a l’éclat de Paris dans la poudre

 Rien n’est si pur que son front d’insurgé

Rien n’est ni fort ni le feu ni la foudre

Que mon Paris défiant les dangers

Rien n’est si beau que ce Paris que j’ai

 

Rien ne m’a fait jamais battre le coeur

Rien ne m’a fait ainsi rire et pleurer

Comme ce cri de mon peuple vainqueur

Rien n’est si grand qu’un linceul déchiré

Paris Paris soi-même libéré

 

Louis Aragon, 1944

8 décembre 2013

sonnet

Comme un qui s'est perdu dans la forêt profonde

Loin de chemin, d'orée et d'adresse, et de gens :

Comme un qui en la mer grosse d'horribles vents

Se voit presque engloutir des vagues de l'onde :

 

Comme un qui erre aux champs, lorsque la nuit au monde

Ravit toute clarté, j'avais perdu longtemps

Voie, route et lumière, et presque avec le sens,

Perdu longtemps l'objet, où plus mon heur se fonde.

 

Mais quand on voit -ayant ces maux fini leur tour-

Aux bois, en mer, aux champs, le bout, le port, le jour,

Ce bien présent plus grand que son mal on vient croire.

 

Moi donc qui ai tout tel en votre absence été,

J'oublie, en revoyant votre heureuse clarté,

Forêt, tourmente, et nuit, longue, orageuse, et noire.

 

          les amours , Etienne Jodelle (1532-1573)

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